Cela devient un rendez-vous mensuel : les taux de crédit immobilier ont encore augmenté. Le taux d’usure, quant à lui, et pour suivre, dépasse les 4% depuis le 1er avril. Ces chiffres historiques n’ont jamais été revus depuis 2012. Face aux crédits immobiliers de plus en plus refusés, le gouvernement envisage de trouver des solutions radicales. Que pourrait-il mettre en place pour que les ménages puissent accéder à leurs prêts ? On fait le point.
Du côté de taux d’usure pratiqués en avril
Depuis le 1er avril 2023, les taux d’usure dépassent les 4% et augmentent ainsi de plus de 0,2 points. En effet, les banques peuvent désormais prêter à un taux maximum de 4,09% pour un crédit immobilier compris entre 10 et 20 ans ; et 4,24% pour un prêt immobilier contracté sur plus de 20 ans. Résultat ? Certains ménages, qui n’étaient pas finançables face à un taux de crédit immobilier supérieur à ce plafond, incluant l’assurance et les frais de dossiers, pourraient voir leur demande de crédit octroyée. Depuis la révision mensuelle des taux d’usure, les taux plafonds augmentent, et les banques financent de plus en plus d’emprunteurs.
Un marché toujours bloqué par les banques…
Malheureusement, le marché reste toujours globalement bloqué par la hausse des taux de crédits immobiliers pratiqués par les banques. Rappelons que le taux d’usure est le résultat des taux effectifs pratiqués par les banques au premier trimestre 2023. Et ces derniers ont encore augmenté de 0,18 points entre décembre 2022 et février 2023. Il faut garder en tête un taux de crédit moyen de :
- 3,07% pour les prêts immobiliers compris entre 10 et 20 ans,
- 3,18% pour les prêts immobiliers étalés sur plus de 20 ans.
Certains spécialistes commencent déjà à donner leurs futurs pronostics. D’après eux, les taux d’usure, révisés chaque mois jusqu’au 1° juillet, vont continuer d’augmenter, jusqu’à attendre entre 4,7 et 4,9%, pour des taux de crédits immobiliers qui pourraient quant à eux atteindre 4% sur 25 ans. Ce n’est pas impossible, mais c’est à prendre avec des pincettes, puisque personne aujourd’hui n’est capable d’affirmer ce que l’avenir nous réserve.
Le gouvernement pourrait intervenir
Les conditions d’accord de crédit fixées par le Haut Conseil de Stabilité Financière en 2022 pourraient ne plus être adaptées à la réalité du marché : les taux de crédit s’envolent, les prix immobiliers explosent, et le pouvoir d’achat des ménages en est impacté.
Le gouvernement envisage aujourd’hui d’assouplir ces critères, en évaluant leur pertinence depuis leur mise en place. Rappelons les deux principaux critères fixés :
- le taux d’endettement ne doit pas dépasser 35% des revenus,
- la durée d’emprunt est limitée à 25 ans.
Aujourd’hui, et pour faire échos à ce que l’on a cité plus haut, le gouvernement a décidé d’analyser les retours terrains afin de vérifier que ces conditions, fixées au départ pour stabiliser l’endettement, ne viennent pas stopper l’accès au crédit pour des ménages solvables.
La Banque de France et le HCSF sont en train d’évaluer si ces critères sont toujours d’actualité. Depuis plusieurs mois, les courtiers demandent une révision sur ces conditions. Pour eux, ces conditions ont du sens, mais ne peuvent pas s’appliquer à tous les types d’emprunteurs.
En effet, un courtier explique par exemple que, pour les primo-accédants, la durée d’emprunt ne devrait pas se limiter à 25 ans, puisque la durée de vie s’allonge. On sait que cette limite a pour but de protéger les emprunteurs, mais on sait aussi que rallonger la durée permet de diminuer le poids des mensualités.
Adapter le taux d’usure chaque mois est une première mesure mise en place par le gouvernement pour réguler les accords de crédits immobiliers. Mais ce n’est que temporaire, puisque cela prend effet jusqu’au 1er juillet. Le prochain Haut Conseil de Stabilité Financière est prévu en juin 2023. D’ici là, le gouverneur de la Banque de France proposera peut-être de nouvelles mesures afin de faciliter l’accès aux crédits.