Aujourd’hui, avec la hausse des taux et le resserrement des conditions d'octroi de crédit immobilier, les ménages ont encore du mal à accéder à l’achat de leur résidence principale. Résultat ? L’expert en location Se Loger constate que les pénuries de logements à la location s’accentuent dans plusieurs villes de France.
Une chute d’annonce de biens à la location drastique ?
En un an, le site Se Loger a constaté que son stock d’annonces de locations mis en ligne avait chuté de 9 %. L’agence immobilière La Forêt a fait le même constat, avec une statistique encore plus alarmante : sur les douze derniers mois, la quantité de biens à louer sur La Forêt a baissé de 24 %.
Il s’agit d’une conséquence immédiate de la remontée des taux d’intérêts. En effet, les ménages ont du mal à accéder à l’achat immobilier et restent donc locataires de leurs biens. Ils ne libèrent plus les biens à la location. Le stock de locations ne se renouvelle plus comme avant.
Dans les plus grandes métropoles de France, la mise en location de biens immobiliers a reculé d’environ 23,2 %, entre août 2022 et août 2023.
Trois villes se démarquent particulièrement : Rennes, Paris et Nice. La tension locative y est initialement très forte. Et les difficultés d’accéder aux crédits immobiliers et donc à l’achat immobilier n’arrangent pas cette situation. Sur un an :
- Rennes a enregistré un recul des annonces de locations immobilières de 42,9 %,
- Paris suit de près avec une baisse de 38,3 % des biens à la location disponible,
- Nice a annoncé un recul de 33,9 % des biens à louer.
Le graphique ci-dessous a été communiqué par Les Echos et présente les 5 villes dans lesquelles les biens disponibles à la location ont le plus diminué sur un an.
Ces experts expliquent également que Nice a une situation particulière. Contrairement à Paris, Lyon ou bien encore Bordeaux, qui enregistrent récemment une baisse de prix du mètre carré, venant contrebalancer la perte de pouvoir d’achat immobilier provoquée par la hausse des taux, Nice voit ses prix immobiliers qui continuent d’augmenter. Il est donc encore plus difficile d’accéder à l’achat immobilier à Nice. Ceci s’explique par l’attirance des étrangers fortunés, des secundo accédants et retraités aisés au marché immobilier de la Côte d’Azur.
Rennes est la ville la plus impactée
À Rennes, les biens immobiliers disponibles à la location ont baissé de 42,9 % sur un an. Les experts évoquent une future pénurie de logements locatifs sur Rennes, suite à la présence plus importante d’appartements vieillissants, qui se verront bientôt interdire de location pour cause de passoires thermiques.
Les étudiants sont les premiers impactés par cette pénurie de logements. 20 % de la population rennaise est étudiante, et la tension locative est par conséquence très importante sur les studios et T1. L’augmentation de la population étudiante, qui est passée de 50 000 à 80 000, a des conséquences immédiates sur le marché de la location, qui s’en retrouve très saturé. Il est donc important de produire plus de petits logements (studios et T1) pour les accueillir.
Mais les études menées par les experts immobiliers annoncent que la pénurie de logements n’impacte pas que les étudiants. En août dernier, en se basant sur des données de 2020, moins de 70 % des ménages locataires pouvaient acheter un appartement au prix médian. La baisse de la capacité des ménages à accéder à l’achat immobilier et le prix de l’immobilier ont donc des conséquences sur les loyers : à Rennes, au 1ᵉʳ septembre de cette année, Se Loger a informé une augmentation des loyers de 3,1 %.
Une hausse des loyers importante
À Nice, Marseille et Strasbourg, la disponibilité des biens à louer n’a jamais été aussi faible, entrainant automatiquement une hausse des loyers. Comme vous pouvez le constater sur le graphique ci-dessous, les loyers ont augmenté respectivement de +6,1 % ; +4,9 % et +4,6 % pour Nice, Marseille et Strasbourg.
Les prochains mois ne semblent pas présager une amélioration sur la disponibilité des biens à la location. En plus de cela, cette situation inédite révèle les limites des plafonnements et encadrement des loyers mis en place dans les grandes villes de France. Ces mesures ont pour objectif initial de protéger les locataires, et pourtant, les villes concernées sont tout autant concernées par le manque de logements disponibles à la location.
Si vous avez investi dans l’une des villes citées dans cet article, ou que vous souhaitez y investir prochainement, force est de constater que vous ne devriez pas connaître de vacances locatives sur les 5 prochaines années.