Les jeunes actifs, investisseurs ou primo-accédants, rencontrent de plus en plus de difficulté pour acheter des appartements dans les principales villes de France, comme Paris, Lyon, Marseille ou bien encore Lille. Virgil et Les Echos ont publié une étude qui présente directement le salaire nécessaire pour acheter un deux pièces dans ces villes. On vous le résume aujourd’hui.
Des salaires inadaptés aux prix immobiliers actuels
Les salaires des habitants sont de plus en plus inadaptés à l’envolée des prix immobiliers. Par exemple, et comme le présente le graphique récapitulatif ci-dessous, à Bordeaux, il faut percevoir 3 512€ net par mois pour pouvoir rembourser le crédit immobilier nécessaire pour acheter un T2 de 40 m². À Marseille et à Lille, pour acquérir la même typologie de logement, il faut avoir un salaire net respectivement de 2 847€ et 2 653€. Or aujourd’hui, les revenus attendus pour contracter un crédit immobilier sont supérieurs au salaire mensuel moyen perçu par les locaux.
D’après l’INSEE, un Bordelais travaillant 35 h par semaine touche en moyenne 2 684€ ; tandis qu’un habitant à Marseille gagne environ 2 366€ et un habitant à Lille 2 457€. On est donc bien en dessous des revenus à percevoir pour espérer rembourser un crédit immobilier permettant d’acquérir un T2 dans ces villes.
Ces chiffres sont bien entendus et comme toujours à prendre avec du recul. Dans les quartiers les plus recherchés, le salaire moyen requis est supérieur, tandis que dans les quartiers les moins prisés, le salaire requis peut être inférieur. Ainsi, à titre d’exemple, si vous habitez et travaillez à Bordeaux et que vous souhaitez acquérir un T2 en plein centre-ville, vous devez percevoir en moyenne 4 112€ net mensuel.
Comment Virgil a mené cette enquête ? Ils ont pris en compte le prix local du mètre carré, les frais de notaire, les frais d’agence, la garantie, le coût du crédit, soit les obligations pour financer la demande de crédit immobilier. Mais dans son étude, Virgil n’a pas pris en compte l’apport personnel de l’emprunteur. Or, on sait aujourd’hui qu’il est quasi impossible d’obtenir un crédit immobilier sans apport personnel, qui correspond à 10 % voire 20 % du prix du bien.
Mais même en prenant en compte cet apport personnel, force est de constater que le pouvoir d’achat immobilier est en baisse aujourd’hui.
Une demande croissante pour les métropoles
Si on remonte 9 années en arrière, les salaires nets mensuels nécessaires pour acquérir un T2 de 40 m² étaient inférieurs de 43 % à 65 % à la rémunération nécessaire actuellement.
Concrètement : en 2014, à Bordeaux, il fallait percevoir 2 131€ net mensuel pour acquérir ce bien (contre 3 512€ net par mois aujourd’hui), et il fallait 1 773€ à Marseille (contre 2 366€) et 1 861€ à Lille (contre 2 457€).
Et c’est le même constat dans d’autres métropoles de France dans lesquelles il est fréquent de lancer sa carrière, comme Lyon ou Paris. À Lyon, en 9 ans, la rémunération nécessaire a augmenté de +49 % et à Paris, elle a doublé.
Certains experts accusent les prix immobiliers parisiens comme étant responsables de cette augmentation partout en France. En effet, beaucoup de ménages ont fui la capitale pour Lille, Bordeaux ou Lyon, participant ainsi à l’augmentation des prix immobiliers.
Et le télétravail n’est pas venu ralentir cette hausse. À Marseille, en 9 ans, les prix au mètre carré ont augmenté de 4,21 %, et pour cause : les Lyonnais et Parisiens ont par exemple décidé d’y déménager, puisqu’ils peuvent se rendre dans leur ville respective en moins de 2 h et 3 h 30 de train.
Des taux immobiliers toujours en hausse
En revanche, les experts de Meilleurs Agents viennent nuancer cette étude, en confirmant la stabilisation des prix immobiliers de ces métropoles, depuis un an. Mais ce n’est pas pour cela que la situation des primo-accédants s’est améliorée. Et cela est dû à la remontée des taux d’intérêt des crédits immobiliers. Il est important de rappeler qu’ils ont été multipliés par 2 en un an, et ont frôlé la barre de 3,5 % en septembre dernier. Or 1 % de hausse de taux d’intérêt, c’est 10 % de perte de pouvoir d’achat.
Mais rappelons, comme nous l’avons évoqué la semaine précédente, que les acquéreurs ne sont pas les seuls impactés par l’accès au logement : les locataires sont aussi victimes de la situation actuelle. Tension à l’achat immobilier = futurs propriétaires qui restent locataires = moins de biens à la location disponible sur le marché. Et rappelons que Paris, Marseille et Bordeaux sont les villes les plus impactées par le manque d’offres de locations disponibles.